Médias et société : la crise du journalisme et
la crise de la souveraineté politique au Québec
Par Éric Martin
|
15h45
|
L’actualité récente témoigne à elle seule du fait que le journalisme au Québec est en crise. Penser cette crise exige d’aller au-delà des analyses qui se limitent à analyser les rapports de propriété ou la concentration économique dans le secteur des médias pour la resituer au sein des mutations plus larges qui affectent la société québécoise. Historiquement, le journalisme est apparu comme médiation ou institution participant de l’ouverture d’un espace public politique où les sociétés modernes devaient réfléchir leur orientation normative à travers l’usage de la raison. Notre hypothèse sera que la crise du journalisme traduit elle-même une crise plus générale de l’idée de Res publica, de puissance publique souveraine permettant l’autogouvernement et l’orientation des pratiques en fonction du Bien commun. Si la crise du journalisme comme institution s’avère liée au démantèlement de la souveraineté politique, il coule de source que toute réflexion sur l’avenir du journalisme et des médias au Québec doit s’articuler à l’intérieur d’un cadre théorique qui reconnaît les implications culturelles-symboliques et politico-institutionnelles d’un tel problème, et qui ne scrute pas uniquement le secteur médiatique, mais l’état général de la société québécoise comprise comme totalité.